Il fût un temps
Il fût un temps où j'habitais les collines de provence, de l'âge de 4 ans à celui de 20 ans. Ce paysage de Pagnol, je le connais, j'y ai grandi, je l'ai ressenti, je l'ai aimé et même si Paris me faisait rêver, je continuais à admirer ce pays qui sentait si bon le thym, le romarin et le fenouil. Ce pays où il faisait bien trop chaud l'été mais si doux l'hiver. Ce pays des cigales.
Il fût un temps où j'allais au lycée à Aubagne, où je m'amusais à jouer sur scène ces fameux personnages des pièces de marcel Pagnol (Fanny, Marius, César...)... En ces temps là, j'avais l'accent, le fameux accent chantonnant du sud que j'ai perdu (mais, que je retrouve dès que je retourne dans le sud. C'est trés étrange !).
Il fût un temps où je participais aux concours de pétanque sous les platanes du village. Ce temps où le village avait encore une taille... de village ! Ce temps où tous les gens se connaissaient (ceci dit, cela peut avoir un côté chiant, j'en conviens !), discutaient et se retrouvaient le samedi matin, jour de marché ! ce temps où était organisé des repas de village spécial "Aïoli", ce temps où ma mère était adjointe au maire à la culture et organisait des sons et lumières magiques, des expos, des festivals...
Il fût un temps où j'allais au collège sur ma mobylette blanche sans jamais rencontrer de voiture sur ma route ou trés peu.
Il fût un temps où nous avions pour voisin, un papé qui possédait des hectares de vignes et qui montait à pied travailler ses terres avec son âne.
Ce temps est bel et bien révolu.
Les hectares de vignes du papé ont été remplacés par de somptueuses villas avec piscines, palmiers, pelouse, tout bien propret, du clinquant à gogo ! le paysage est défiguré ! Des villas en vois-tu en vois là, du béton, du béton. Quand avant la nature faisait office de barrière naturelle entre les terrains, maintenant, on se barricade de grands murs, on construit d'énormes portails !
Les petites routes des collines que nous prenions tranquillou sont envahies de voitures, plus une fois sans rencontrer quelqu'un, sans faire une manoeuvre pour laisser passer l'autre.
Le village s'est agrandit, agrandit, agrandit pour atteindre une population de plus de 11 000 habitants. Autant vous dire que ce n'est plus le petit village connu jadis.
Le marché est toujours là, mais, non loin de la place s'est construit une zone commerciale avec son géant Casino !
Les habitants ne se connaissent plus comme autrefois... l'anonymat a pris le dessus !
Le silence a laissé place au bruit et à l'agitation.
Mon pays d'autrefois, tu me manques parfois ! 5 années que je ne suis pas revenue, tellement déçue. Et, cette année, c'est le grand saut, je viens avec mes petits et j'essaierai... oui je ferai de mon mieux pour ne pas être trop nostalgique, pour accepter tout ce changement, car je n'y peux rien, non rien !
Mes collines
le village