La goutte qui fait...
... déborder le vase !
Des gouttes de pluie sur mon casque de scooter, je ne vois pas grand chose. La chaussée est ultra glissante, j'ai pu m'en apercevoir 10 mètres plus tôt lorsque j'ai dérapé derrière ce bus ! "Sois prudente", keep cool, "concentre-toi bien" ! Et puis cette heure, pleine heure de pointe, des voitures partout, des klaxons qui sonnent, des piétons qui courrent. Et cette pluie. Et cette nuit. Les énergies sont mauvaises je le sens bien. Ne double pas ce gars qui n'avance pas, reste bien derrière, les lignes sont trop glissantes, relax ! Mais pourquoi il me colle lui... Abruti. Et toi, je te laisse passer, tu ne peux pas faire un p'tit signe de remerciement COUNASSE ! Zen, ça ne sert à rien !
Feu rouge. Qu'est-ce qu'il est long ce feu. Feu vert, j'avance et ce type qui déboule de nulle part sur ce passage clouté, le "p'tit bonhomme est rouge bordel", freiiiiiiiinnnnnnne ! glissade, scooter sur moi ! Le type continue tranquillement de traverser sur son passage clouté après avoir assisté à ma chute, il continue sa petite vie tranquille, les conséquences de ses actes n'ont pas d'importance pour lui, moi, je n'existe pas, je suis étalée au beau milieu de la route et les voitures derrière moi s'impatientent et essayent tant bien que mal de me contourner en jetant un p'tit coup d'oeil sur mon état (oh, zut y'a rien a voir, même pas de sang !). Je me libère de mon scooter le redresse (80 kgs) toute seule sans aucune aide, je repars dans une rage folle. La rage de devoir vivre dans cette société là, la rage de devoir vivre dans cette indifférence.
Je me repasse la scène plusieurs fois dans ma tête histoire de me convaincre qu'un brin d'humanité a du m'échapper, forcément ! Non rien ! Là, oui, c'est la goutte...